Réunion comité de suivi des Etats généraux du 12 juillet 2023.

Le SNPMNS était invité à participer à une réunion qui permettait de faire un point d’étape suite à la clôture des Etats généraux, et l’avancée des travaux ministériels dans le domaine aquatique.

Décret du 3 juin 2023, point majeur des actions ministérielles post Etats généraux.

La Direction Générale de la Sécurité Civile (en commun avec les organismes qui ont participé au groupe de travail sur la réforme du BNSSA au ministère de l’Intérieur) a mis en avant le fait que la réforme d’autonomie du BNSSA du 3 juin 2023 nécessite une modification du diplôme en profondeur. En effet, le décret permet l’autonomie en surveillance alors que le diplôme BNSSA actuel ne donne pas ces prérogatives. Le groupe de travail propose de transformer le diplôme en un Sauvetage et Sécurité Aquatique (SSA), qui serait un socle commun et permettrait de surveiller en piscine. Les prérequis :

  • Être âgé d’au moins 17 ans.
  • Avoir le PSE1 et le PSE2.
  • Être détenteur d’une attestation de réussite à un test natatoire faite par un MNS en amont de la formation.

Le candidat passerait par une formation de 35h minimum, basées sur la règlementation aquatique spécifique, les méthodes de surveillance et la connaissance et l’importance du POSS. Pour surveiller en eaux intérieures et/ou en eaux littorales, le candidat devra passer un module complémentaire (EI et EL) pour être compétent en surveillance dans les milieux naturels.

Pour mémoire, l’équivalence au PSE2 était demandée pour les formations DE MNS et BEESAN : BNS Ranimation et/ou réanimation. La formation minimaliste PSE1 des MNS date du 1er BPJEPS AAN, ce qui engendre par exemple des soucis de planning et obligations de moyen en secourisme vis-à-vis du plan dur ou du brancardage dans la piscine. Lors de la réforme du dernier BPJEPS AAN en 2020, le SNPMNS avait proposé que le PSE2 redevienne un prérequis obligatoire pour les MNS. Cela avait été refusé par le ministère des Sports.

Le SNPMNS a alerté concernant les modalités de responsabilité des MNS vis-à-vis des BNSSA maintenant autonomes. Un décret rédigé à la va-vite aux portes de la saison estivale ne changera pas les modalités de responsabilité en cas d’accident.

Le SNPMNS a également alerté sur les trop nombreuses situations illégales (essentiellement visibles dans les établissements saisonniers, piscines mais également piscines de campings) : beaucoup d’employeurs saisonniers forcent la main aux BNSSA pour qu’ils effectuent, en plus de leurs missions de surveillance, des missions d’enseignement. Les services déconcentrés de l’Etat (SDJES notamment) n’ont plus les effectifs suffisants pour contrôler sur le terrain, ce qui laisse le champ libre au tout et n’importe quoi.

La C3D STAPS et l’UE 2SMA, une alternative solide au titre de MNS du ministère des Sports.

La filière STAPS s’adapte aux évolutions des diplômes et entend modifier son UE 2SMA (Sauvetage et Sécurité en Milieu Aquatique) pour une UE 3SMA (Surveillance, Sauvetage et Sécurité en Milieu Aquatique). Cette UE donnerait lieu à un diplôme universitaire, qui permettrait aux étudiants de surveiller au même titre que les BNSSA actuels, ou le SSA en voie d’apparaître. Leur proposition met en avant que l’anticipation de la sécurité des baigneurs en piscine ne se cantonne pas au sauvetage aquatique et au secourisme. Ils proposent une prise en compte réelle de la partie hygiène, sécurité et traitement de l’eau et de l’air des ERP piscine. La formation sur la qualité de l’eau et de l’air est bien un axe ayant un lien avec l’anticipation des risques pour les usagers et clients des piscines. Une piscine est un local à pollution spécifique, engageant une formation pour maîtriser ces risques pour les baigneurs.

Le SNPMNS approuve et soutient la C3DSTAPS dans son projet d’UE 2SMA depuis le début, et continuera à le faire par le biais de l’UE 3SMA. La pluridisciplinarité d’enseignement de la licence STAPS avec cette UE en fait des MNS complets et aptes à toutes situations dans ce milieu spécifique.

Une campagne de promotion de la profession de MNS tardive et peu utile.

Du 3 juillet au 30 août 2023, des spots publicitaires réalisés par ASPORTA (association regroupant des gestionnaires et intervenants dans le monde du sport), soutenus par le ministère des Sports, font leur apparition pour promouvoir le métier de MNS et les missions de BNSSA. Le but est de permettre à plus de jeunes (cible 18-26 ans) d’entrer en formation BPJEPS AAN. Sauf que les sélections d’entrée en formation BPJEPS AAN pour la rentrée de septembre 2023 se sont déroulés… en juin 2023.

Le SNPMNS a mis en avant le fait que cette campagne publicitaire arrivait avant d’améliorer les conditions de travail des MNS. Donner envie est une chose, mais la réalité du manque d’attractivité du métier va vite rattraper les candidats et futurs MNS, ce qui n’endiguera pas le phénomène de pénurie que nous connaissons depuis plusieurs dizaines d’années.

Une enquête sur les besoins réels de surveillants sur le territoire français.

L’association ASPORTA a également sollicité les gestionnaires d’ERP piscines pour connaître leurs besoins en surveillants pour la saison estivale. Les chiffres : 14% des postes de MNS et 33% des postes BNSSA ne sont pas pourvus. Au-delà de ces pourcentages, qui montrent qu’ils ont eu peu de réponses à leur enquête, on y voit encore une volonté de légitimer la place des BNSSA. Alors qu’au départ, les BNSSA ont été créés pour assister et renforcer les MNS. Derrière un poste vacant de BNSSA, c’est en réalité un poste vacant de MNS.

Une enquête est en préparation au SNPMNS, sur la période estivale mais pas que : la pénurie de MNS touche l’ensemble des structures aquatiques, saisonnières ou permanentes.

Encore une fois, le ministère des Sports oublie les MNS.

Face à ces propositions, on a encore une fois parlé d’actions visant les BNSSA et donc une descente des prérogatives professionnelles des MNS. La profession d’utilité publique a pourtant fait ses preuves, et permet à long terme de lutter contre les noyades. On est très loin du discours de clôture des Etats généraux de la ministre des Sports, Aurélie Oudéa-Castera, qui mettait entre autres en avant un manque d’attractivité du métier. Sa commande politique présentait une amélioration des conditions de travail des MNS : rien de ce qui est entrepris ne prend cette direction, bien au contraire.