« Noyades : combien de morts faudra-t-il encore pour que l’État agisse ? »

Chaque été en France, les noyades font des ravages. L’été dernier, selon Santé publique France, 1244 noyades accidentelles ont été recensées entre juin et septembre, causant 350 décès. Un chiffre effarant, qui se répète année après année, dans un silence politique presque total.

Depuis quinze jours, la France étouffe sous une chaleur intense. Les températures dépassent régulièrement les 35 °C, poussant les Français vers les plages, les rivières, les plans d’eau, parfois non surveillés. Avec cette affluence et cette urgence de se rafraîchir, le risque de noyade explose.

Et comme chaque année, les drames se succèdent. Des noyades d’enfants, de baigneurs isolés, de familles prises par surprise. Des vies brisées. Des morts évitables. Un phénomène que les pouvoirs publics observent presque en silence, ou se contentent de commenter à rebours, une fois les bilans tragiques établis.

Ces noyades ne sont pas des accidents imprévisibles. Elles sont les conséquences d’un manque criant de prévention, d’un désengagement structurel de l’État, et d’une invisibilisation des acteurs de la filière aquatique.

Il ne s’agit pas d’un mal nécessaire, ni d’un phénomène imprévisible. Il s’agit d’un scandale de santé publique, d’un drame humain dont les causes sont identifiées et les solutions connues, mais dont les responsables publics semblent se satisfaire avec résignation.

Une prévention indigente, un service public défaillant.

Aujourd’hui, en France, trop d’enfants ne savent pas nager en entrant au collège. Trop de plans d’eau et de plages ne sont pas surveillés. Les effectifs de maîtres-nageurs sauveteurs sont en chute libre, victimes de la précarité, de la désaffection du métier et de l’absence d’une vraie politique de valorisation.

Les campagnes de prévention sont timides, dispersées, sans cohérence nationale. Pendant ce temps, les noyades demeurent la première cause de mortalité accidentelle chez les moins de 25 ans.

Créateur des Journées Nationales de Prévention de la Noyade avec la FFMNS depuis maintenant 17 ans, nous savons l’impact positif de ces journées de prévention sur le grand public. Le ministère des Sports s’était engagé auprès du Beach Tour, un grand évènement de prévention des noyades en Loire-Atlantique organisé depuis 2020. Actuellement, les fonds alloués à ces journées de prévention ont drastiquement diminué. Pourtant, le public ayant participé à ces journées a reconnu l’importance de cette prévention.

Faut-il rappeler que savoir nager est une compétence vitale, et non un luxe ? Qu’une minute sans surveillance peut suffire à faire basculer une vie ? Que ce sont souvent les milieux les plus précaires qui sont les plus touchés, parce que moins formés, moins équipés, moins protégés ?

Des solutions existent. Elles attendent.

Ce n’est pas la fatalité qui tue. C’est l’inaction.

Cela fait des années que le SNPMNS alerte les pouvoirs publics. Nous demandons :

  • 📚 Un apprentissage obligatoire et efficace de la natation dès l’école primaire par les Maîtres-Nageurs Sauveteurs et non les professeurs des écoles et parents accompagnateurs.
  • 🦺 Une augmentation massive du nombre de MNS en formation avec la mise en place d’un plan national et la valorisation de la profession au niveau financier et des conditions de travail.
  • 📢 Une campagne nationale annuelle de prévention, claire, visible, cohérente.
  • 💧 Un encadrement renforcé des baignades libres, notamment en rivières, lacs et retenues d’eau.
  • Le placement de la natation en encadrement spécifique dans le code sur sport

Rien de cela n’est irréalisable. Ce qui manque, c’est la volonté politique.

La noyade n’est pas une fatalité. C’est un échec politique.

Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier avant qu’un vrai plan national voie le jour ? Combien d’étés meurtriers devront passer avant qu’on décide d’agir autrement qu’en publiant un bilan posthume en octobre ?

Les noyades sont un drame récurrent que l’on pourrait en grande partie éviter. Il est temps que la République protège ses citoyens jusque dans l’eau. Il est temps que les pouvoirs publics sortent de leur apathie estivale.

Le SNPMNS appelle à un sursaut immédiat.

Nous ne voulons pas d’un été de plus où l’on comptera les morts.

Nous voulons un été où l’on agit pour les sauver.