La première cause de mortalité de la vie courante des moins de 25 ans est : « la NOYADE »

Comment se peut-il que la France soit dans cet état face à sa jeunesse alors que nous possédons le plus grand nombre de piscines en Europe ?

Dans la période qui a suivi la seconde guerre mondiale et jusque dans les années 80 environ, la natation scolaire était une rencontre entre les élèves des écoles primaires (surtout élémentaires) et les maîtres-nageurs sauveteurs. Ces derniers dispensaient des cours de natation et les résultats furent au rendez-vous. Le nombre de noyades baissa significativement. Et puis c’était gratuit pour les enfants, c’était l’époque de la solidarité. Suite à des problèmes de financement entre les villes qui mettaient à disposition les MNS et l’Etat qui ne voulait pas assumer cette dépense, l’Education nationale a décrété du jour au lendemain que les enseignants du primaire devenaient POLYVALENTS !!! Ils étaient devenus MNS, ils ont même été nommés « responsables pédagogiques » de la natation. Pourquoi ne pas les avoir nommés entraineurs de l’équipe de France de natation ?

Après une période de conflit durant laquelle beaucoup d’institutrices et d’instituteurs conscients de leurs lacunes et de l’intérêt de leurs élèves ont refusé de participer à ce mensonge envers les enfants, ils ont laissé les MNS faire le travail d’apprentissage de la nage.

Mais un autre phénomène est venu accentuer ce glissement de la natation scolaire vers d’autres activités dites « émergentes » et surtout payantes. On a vu fleurir à cette époque les cours d’aqua…. Gym ou forme et bien-être. Les exploitants de piscines ont ainsi eu la « main verte » non pardon, la « main argentée » et ils ont déplacé les MNS de la natation scolaire vers les « aqua » pour des raisons économiques, mais pas seulement. On peut tromper les enfants avec des faux MNS pas les grandes personnes qui paient les séances d’aqua. Ils ont laissé la natation scolaire à l’Education nationale qui a mis de plus en plus de pression sur les enseignants du primaire pour qu’ils s’investissent dans les séances de piscine. Au début la cohabitation des institutrices/instituteurs et les MNS a mis à jour les différences de niveau d’apprentissage. Si bien que souvent les enfants changeaient d’encadrant pour équilibrer les apprentissages et que les élèves aient de vrais cours de nage. Les enseignants y ont perdu du prestige sans aucun doute. L’Education nationale en a pris conscience.

Il fallait agir et vite !

Il aurait été raisonnable de former des MNS et de les embaucher pour apprendre la nage aux élèves, mais de réformes en réformes le nombre de MNS formés a été réduit singulièrement.

La solution choisie à l’époque avait un double avantage, d’abord de ne rien couter et ensuite de renforcer l’autorité de l’enseignant ; on a mis en face des élèves des parents bénévoles. Pour cela, il fallait mentir aux enfants. C’est facile surtout plus facile que de mentir aux adultes, on peut facilement tromper les enfants pas les grandes personnes.

Et puis la natation est une activité anodine, ce n’est pas comme apprendre à compter « deux et deux font quatre ». Pour apprendre à compter, pas d’adultes bénévoles, c’est une activité bien trop dangereuse. Par contre prendre un groupe de 15 enfants dans l’eau c’est trop « cool », personne ne coule. Ainsi les enfants ignorent qui les encadre et que ceux-ci n’ont aucune formation…

OUPS, oh NON pardon SI SIIIIIIII les enseignants du primaire ont une solide formation pour apprendre à nager aux enfants de 4 à 12 ans… ils ont deux à trois de cours théoriques dans leur carrière…. Que demander de mieux pour les enfants ? Et aujourd’hui on s’étonne du nombre de noyades et du faible niveau de nage à l’entrée en 6°.

Alors de plus en plus de journalistes interpellent le SNPMNS au sujet de la pénurie de MNS et ils semblent surpris de la désaffection des jeunes pour notre profession. Mais quelle humiliation de se voir remplacé par des personnes bénévoles sans aucun vécu en natation, sans aucune connaissance pédagogique sans aucune expérience dans le domaine de l’eau, mais ils savent nager 50 mètres. Ah la belle affaire.

Cette nouvelle « pédagogie » est semblable à une recette de cuisine : « les cornichons au vinaigre », à force de les laisser tremper ils deviennent des cornichons au vinaigre.

Pour les élèves, c’est pareil : à force de faire des pseudo séances de natation scolaire, ils deviennent de « scolaires natationnés ».

Il faut redonner aux Maîtres-nageurs Sauveteurs l’exclusivité de l’apprentissage de la nage, et partout. Eviter la natastrophe scolaire avec n’importe qui qui fait ce qu’il peut. In fine tout cela coute cher à la société en bout de chaîne…

Ce serait drôle si au bout du compte on ne dénombrait pas autant de drames liés à l’eau.