Il semble que le ministère des sports se serve de l’augmentation des noyades en France chez les 0-6 ans dans les piscines familiales pour supprimer purement et simplement la profession d’intérêt public qui apprend à nager à des millions de personnes par an : les Maîtres-Nageurs Sauveteurs.

Depuis janvier 2019, certains échanges au ministère nous le faisaient craindre. Pour preuve, les tutoriels excluent les MNS de tout lien avec la familiarisation au milieu aquatique et l’apprentissage des Activités Aquatiques et de la Natation. Le vrai visage du Plan d’aisance Aquatique saute désormais aux yeux des professionnels de l’A.A.N.

Le SNPMNS répond point par point à cette attaque de la profession en s’appuyant sur l’article « Dis-leur ! » d’ Olivier SCHLAMA : https://dis-leur.fr/lutte-contre-les-noyades-roxana-maracineanu-veut-mouiller-tout-le-monde/

Légende de l’article :

  • « Entre guillemets et en italique, l’article original publié par le journal régional d’Occitanie « Dis-leur ! ». Il a été publié le 21 Janvier 2020 et il a pour titre « Lutte contre les noyades : Roxana Maracineanu veut mouiller tout le monde ». »
  • En gras, les explications du SNPMNS.

 

« DIS-LEUR !

VOTRE DOSE D’INFO EN OCCITANIE

Lutte contre les noyades : Roxana Maracineanu veut mouiller tout le monde

 Dans un entretien exclusif à Dis-Leur !, la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, explique que les noyades, un fléau notamment en Occitanie, doivent être prises en compte globalement.

Son plan est tous azimuts. « Former les maîtres-nageurs» sauveteurs aussi puisque nous sauvons et enseignons dans le domaine de l’aquatique et nous sommes les seuls à en assurer en même temps la sécurité depuis près de 70 ans. « à la détection des violences faites aux enfants » Ce sujet n’a pas été abordé lors des multiples échanges sur le Plan d’Aisance Aquatique. Il est effectivement important mais n’a aucun lien avec l’augmentation des noyades et le manque de MNS en France. Mme La Ministre cherche-t-elle à « noyer le poisson » suite à l’investigation de journalistes qui démontrent qu’à l’inverse des MNS embauchés en grande majorité par les collectivités locales et piscines privées, le mouvement sportif ne vérifie pas l’honorabilité des éducateurs embauchés dans les clubs ? « ; « investir tous les mètres d’eau existant : piscines des campings, des hôtels » ; généraliser les « classes bleues » ; ou encore : « Proposer tout le contenu secourisme gratuit aux ados en contact avec le Service national universel et susciter des vocations… »

 

Les noyades ? « C’est l’affaire de tous les ministères et de tout un chacun », a-t-elle plaidé, en ouverture de la Conférence nationale de consensus à Reims. Notamment au travers des « classes bleues » sur le modèle des classes de neige. Elle veut que tout le monde prenne cette problématique « à bras le corps ». Parmi ses solutions, prévention et formation.

En France, « les noyades accidentelles sont responsables chaque année d’environ 1 000 décès et sont la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans. Elles sont pourtant pour la plupart évitables… » Terrible constat dressé par Santé public France, l’organisme public qui mène une vaste enquête sur le sujet tous les trois ans. L’enquête « noyades » a ainsi recensé sur les quatre mois de la période estivale, en 2018, 1 649 noyades accidentelles (84 % du total des noyades) avec une proportion de noyades fatales de 25 %. Sur les treize régions, l’Occitanie se situe à la deuxième place en terme de noyades avec 256 noyades dont 52 décès. En Paca, ce sont 58 décès, Auvergne-Rhône-Alpes : 44 et Nouvelle-Aquitaine : 43 morts (1).

Du 20 au 23 janvier au Creps de Reims, se tient une Conférence nationale de consensus sur l’aisance aquatique. Elle réunit Éducation nationale, Enseignement supérieur, collectivités, le mouvement sportif et le ministère des Sports » Omission des partenaires sociaux (acte involontaire ou délibéré) ?

 

« L’idée est de travailler sur le lien entre le programme d’aisance aquatique et la natation scolaire et devrait déboucher sur des mesures concrètes » L’aisance aquatique s’acquiert partout, y compris en natation scolaire. N’oublions pas l’enseignement de l’aisance aquatique prodigué par des MNS en dehors de la natation scolaire. Et ce depuis 1927, 1951, … !

« En attendant, la ministre, championne du monde en 1998 et vice-championne olympique de 200 mètres dos à Sydney en 2000) évoque ses propres solutions pour endiguer les noyades notamment chez les enfants. Autour de la prévention et de la formation.

Chez les moins de six ans, il y a une augmentation des noyades de plus de 130 %. Il y a en outre un âge qui n’est ciblé par personne ni les associations ni l’Education nationale ni les collectivités : ce sont les 3 ans-6 ans. C’est sur ce segment là qu’il y a le plus de noyades » en piscine privé.» Les chiffres publiés en 2019 par Santé Publique France disent l’inverse (https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/traumatismes/noyade/articles/enquete-noyades-2018)

« L’apprentissage de la natation n’est pas aussi performant qu’on a pu l’imaginer. » Il est certain que les moyens d’apprentissage se dégradent. Notamment, au profit de l’animation plus rentable. Mais aussi en fonction du manque d’interventions des MNS en natation scolaire et de leurs évictions au profit de parents bénévoles. Sans oublier la pénurie de 5000 MNS en France.

Rappelons que lors de la conférence de consensus de Reims, l’ensemble des experts ont souligné le fait qu’aucun chiffre officiel et aucune enquête officielle n’existe à ce niveau. « 1 français sur 6 déclare ne pas savoir nager » ne repose que sur du déclaratif ! C’est quoi savoir nager pour ces personnes interrogées ?

 

« Les intentions sont bonnes. Mais ça ne suffit pas… « Chacun dans son coin fait très bien ce qu’il a à faire, décrypte Roxane Maracineanu. La Fédération est là pour repérer de jeunes enfants qui savent déjà nager et les emmener en compétition ; l’Éducation nationale a inscrit la natation comme une compétence à acquérir quand on arrive au collège ; de leurs côtés les maîtres-nageurs dans les piscines répondent aux attentes des familles. » La profession des Maîtres-Nageurs Sauveteurs, grâce au SNPMNS, n’a pas attendu l’initiative du 1er Ministre pour mettre en place depuis deux décennies partout en France les Journées Nationales de Prévention de la Noyade qui, dans son volet de prévention, prend en compte l’apprentissage des plus jeunes enfants. « Et celles-ci sont alertées par le fait qu’il faut apprendre à nager tôt à leurs enfants. Mais la réalité montre le contraire : chez les moins de six ans, il y a une augmentation des noyades de plus de 130 %, s’inquiète l’ancienne championne. Il y a, en outre, un âge qui n’est ciblé par personne ni les associations ni l’Éducation nationale ni les collectivités : ce sont les 3 ans-6 ans. C’est sur ce segment là qu’il y a le plus de noyades. » C’est un mépris complet de la profession de MNS et des collectivités locales qui, depuis 68 ans, encadrent l’apprentissage, la familiarisation, les jardins d’enfants dans le prolongement des baby clubs, l’aisance aquatique de 3 mois à 6 ans et donc l’Aisance Aquatique jusqu’au 3ème âge !

 

« C’est aussi lié à la canicule qui arrive dès juin et finit parfois fin septembre. Les parents vont donc aller plus facilement en bord de mer ou des endroits où il y a de l’eau pour se rafraîchir près des plans d’eau pas toujours totalement surveillés, comme également les piscines individuelles. » Encore une fois l’enquête Santé Publique France démontre le contraire : (https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/traumatismes/noyade/articles/enquete-noyades-2018)

« Les instituteurs ne sont pas formés à ça ; il n’y a que trois heures par semaine de sport mais ce temps n’est jamais intégralement utilisé par les professeurs des écoles qui, eux-mêmes ne sont pas formés… Il y a du temps de transport… Il y a cette impuissance des parents alors que l’aisance aquatique peut être une de leurs prérogatives ! »

L’expert de l’USEP, Benoit LASNIER, lors de la conférence de consensus du Plan d’Aisance Aquatique de REIMS, démontrait que les instituteurs ne sont plus formés à la natation scolaire. Le recteur d’académie d’Ile de France le déplorait.

 

« La ministre prête-t-elle une responsabilité aux familles ? « Oui, notre objectif est de mettre tous les acteurs autour de la table. Il faut cibler cette catégorie d’âge des 3 ans-6 ans plus fortement que ce que l’on fait. C’est l’objet de la conférence de consensus d’Aisance Aquatique actuellement à Reims entre le monde du sport, les collectivités, l’école. Si on tombe d’accord, l’école doit être plus ambitieuse car aujourd’hui elle cible les 10-12 ans. C’est trop tard. » C’est encore une fois une contre vérité puisque la circulaire de l’éducation nationale préconise des séances aquatiques en cycle 2 (CP, CE1, CE2) et cycle 3 (CM1, CM2 et 6ème), soit de 6 à 12 ans. Cela dépend avant tout des espaces aquatiques disponibles, des choix de l’éducation nationale et des collectivités locales en fonction de leurs moyens qui diminuent d’année en année !

 

« Toute une partie, notamment des filles, ne va déjà plus à la piscine.» Aucun chiffre officiel, ni statistiques, ni enquêtes ne démontrent cela. Ce sujet n’a pas été évoqué précisément et correspond à des situations sociétales bien spécifiques.

« Elle poursuit son raisonnement : « Dès la maternelle, il faut se dire l’éducation physique au sens large doit faire partie du programme scolaire. » Cette déclaration ne semble pas être suivie des faits sur l’ensemble du territoire ? « Aujourd’hui, c’est un peu mis de côté : les instituteurs ne sont pas » assez « formés à ça » La formation à l’Institut National Supérieur du Professorat et de l’Education (INSPE) dans le 93 pour les professeurs des écoles sur la natation est de 1h en centre et 0 sur le terrain. Un parent agréé par l’Education nationale n’a aucune formation ; un conseiller pédagogique de circonscription (CPC) vient lui donner des conseils pendant une séance avec les enfants. Un MNS – BEESAN, c’est environ 200h en centre et 150h en stage. Un MNS – BPJESP AAN 250h en centre et 200h en entreprise. «; il n’y a que trois heures par semaine de sport mais ce temps n’est jamais intégralement utilisé par les professeurs des écoles qui, eux-mêmes ne sont pas formés… Il y a du temps de transport… Derrière, il y a cette impuissance des parents alors que l’Aisance aquatique peut être une de leurs prérogatives ! Comme on apprend à son enfant à faire du vélo sans avoir besoin d’aller voir un moniteur pour cela. Je veux dire aux familles que l’Aisance aquatique ce n’est pas la natation, c’est autre chose : ce rapport à l’eau peut se bâtir aussi dans l’environnement familial. »

 

L’apprentissage, « certains pensent que c’est la seule prérogative de l’école ; d’autres diront ah ben non c’est parce qu’il n’y a pas assez de piscines ; d’autres encore qu’il n’y a pas assez de maîtres-nageurs ; parce que ces derniers ne sont pas assez formés » contrairement à certaines dires, les MNS sont formés par l’ETAT depuis plus de 60 ans à la familiarisation au milieu aquatique, l’enseignement des activités aquatiques, l’initiation… Les jurys régionaux qui habilitent les organismes de formation et certifient les MNS en formation donnent toujours priorité à l’apprentissage et à la sécurité éducative « ; d’autres à nouveau diront que c’est aux parents à s’en occuper, etc. On se renvoie tous la responsabilité. Or, il faut prendre ce sujet à bras-le-corps. C’est une responsabilité partagée qui doit intervenir tout au long du parcours de l’enfant de 3 à 6 ans. » Il y a aussi la question de l’accès à la piscine, cher, et son entretien qui l’est tout autant : le déficit moyen d’une piscine en France est de 700 000 euros par an comme Dis-Leur vous l’expliquait. » Cela dépend des politiques sportives et économiques pour l’intérêt public.

 

« Il faut qu’il y ait un engagement de plusieurs ministères autour de cet objet de la vie quotidienne »

En France, on compte un bassin pour 10 000 habitants. » Une grosse disparité territoriale remet en cause l’équité des citoyens en matière d’accès aux piscines. Par exemple, BONDY compte 2 piscines pour 40000 habitants, à AULNAY, 0 piscines pour 85000 habitants. Cela se décline en fonction des zones rurales, urbaines sensibles, etc… et nous le déplorons à chaque rencontre au Ministère des Sports depuis plusieurs années « Mais on est loin du plan « 1000 piscines » des années 1970. La ministre précise : « L’Aisance aquatique n’est qu’une brique d’un vaste plan de lutte contre les noyades qui va, je l’espère cette année, remonter au Premier ministre. Pour que toutes ces problématiques de formation de maîtres-nageurs » Serait-ce un hold up ? Nous sommes là face à l’amalgame indicible du Ministère. Les 35 enfants décédés en 2018 par noyade n’ont rien à voir avec un pseudo problème de formation des MNS dans le domaine de l’Aisance Aquatique. Les MNS formés en BPJEPS AAN et filières universitaires doivent maîtriser les apprentissages fondamentaux et la familiarisation au milieu aquatique. Dans le cas contraire, ils ne valideront pas leur diplôme d’État. « de communication autour de la prévention devienne un enjeu interministériel. Il faut qu’il y ait un engagement de plusieurs ministères autour de cet objet de la vie quotidienne. Pour les équipements, il n’y a pas que le coût de construction – pour lequel l’Etat peut venir en aide- mais aussi l’entretien et le fonctionnement à la charge des collectivités. Dans le 93, le Cojo et l’État vont investir pour construire douze énormes piscines comme on en a jamais rêvé dans ce département. Après, il faut assumer le coût de fonctionnement… » » C’est du ressort des politiques publiques d’assurer l’autonomie aquatique en priorité, mais aussi la santé, l’équilibre et l’épanouissement des citoyens.

 

« Former les maîtres-nageurs » sauveteurs, cette profession est formée à l’apprentissage des AAN et au sauvetage depuis 1951 « à la détection des violences faites aux enfants, c’est un plus pour une autre politique… » » Alors pourquoi supprimer les emplois des personnels des DDCS et DRJSCS qui contrôlaient les cartes professionnelles des éducateurs en France et donc leur honorabilité ? Qu’en est-il des fédérations qui emploient les éducateurs dans les associations et qui ne contrôlent, semble-t-il, pas cette honorabilité ?

 

« La ministre des Sports appelle à « réfléchir à combiner l’action de tous les acteurs pour rentabiliser au mieux ces équipements. Il faut aussi dans le même temps que ce qui se passe dans les piscines apporte d’autres solutions ailleurs : par exemple, faire de la natation pour les 3 ans-6 ans, c’est apporter une solution en terme de prévention de violences faites aux enfants. Si on forme les maîtres-nageurs » sauveteurs, cette profession est formée à l’apprentissage des AAN et au sauvetage depuis 1951 « à détecter ces traces de violence, c’est un plus pour une autre politique. » Autre problématique : lutter contre le communautarisme : si très tôt on habitue les jeunes filles et les jeunes garçons qui nagent en mixité, si on leur parle de leurs rapports au corps tabous dans certaines cultures et religions eh bien ces jeunes filles seront en mesure de dire je sais nager, je sais le plaisir que ça procure, je veux continuer… Du coup c’est un vrai outil d’émancipation. » » Pourquoi alors diminuer les dotations de l’État aux collectivités locales qui assumaient la gestion en régie des piscines publiques ? Cela permettait de contrôler les tarifs d’entrée, donner l’accès des associations sportives, favoriser les activités socio-éducatives et non pas les animations lucratives actuelles.

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