Albert Jacquard (1925-2013) disait de la pollution que « la meilleure façon de l’éliminer, c’est de ne pas la créer ». Par conséquent, évoquer la question de la ventilation des bassins dans les piscines intérieures, pour éliminer les chloramines et dont l’exposition est reconnue maladies professionnelles (1), sans parler des conditions favorables pour que cette pollution soit inexistante, est incomplet.

 

Nous commencerons donc par rappeler les éléments de l’équilibre de l’eau, dans un premier temps, puis, dans un deuxième temps, ceux favorables à l’équilibre de l’air.

 

L’équilibre de l’eau :

 

Avec un pH de 7,2 – 7,4, le chlore est actif à 60/65 % (il pourrait l’être à 100 % avec un pH très acide autour de 5,5 !). Par contre, en laissant monter le pH à 7,8 par exemple, il ne resterait plus qu’environ 30 % de chlore actif, le reste étant bloqué.

Ainsi, sachant qu’un bon pH (7,2 – 7,4) est indispensable pour avoir une bonne désinfection de l’eau et un confort pour les baigneurs, la présence de ce bon gaz carbonique équilibrant vis-à-vis des carbonates (TAC) est la réponse.

L’analyse de l’eau permet de connaitre le pH, le TAC, et le TH (dureté de l’eau), la « Balance de Taylor » (Voir document 1) définit alors l’équilibre de l’eau.

Souvent, ne pouvant pas agir efficacement sur un bon TH (10 à 20 °f), il reste une action sur la richesse en bicarbonates (Titre Alcalimétrique Complet ou TAC) qui doit se situer entre 10 et 30°f, indispensable à la stabilité du pH, (on parle de « pouvoir tampon »).

Le maintien d’un pH de 7,2 – 7,4 permet également la formation efficace d’une floculation en surface du filtre à sable. C’est un maillage qui va arrêter les particules les plus fines et assurer une eau transparente et belle.

Enfin, l’importance du pH bas réside dans l’économie que l’on peut réaliser dans l’utilisation du chlore que l’on va injecter dans les bassins pour obtenir 1 mg/l de chlore actif (chlore actif compris entre 0,4 et 1,4) par exemple ou 2 mg/l e chlore libre (qui doit être supérieur ou égal à 2 et jusqu’à 4 mg/l – rapport 2010 de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et du Travail (A.F.F.S.E.T.) en présence de stabilisant (acide iso cyanurique). Cela se résume par le tableau suivant :

 

pH 6,9 7,2 7,5 7,7 T°C de l’eau
Cl ajouté 1,3 1,6 2,2 2,9 à 28°C
  1,4 1,8 2,5 3,2 A 35°C

 

Cela signifie qu’avec un pH à 6,9 et une température d’eau de 27°C, on utilise jusqu’à presque 3 fois moins de chlore qu’à un pH à 7,7 et une température d’eau à 35°C.

 

 

 

 

 

L’équilibre de l’air :

 

C’est proposer des conditions d’équilibre humi-thermique (respectant les normes, les installations et l’environnement et agréables pour les baigneurs) :

L’évaporation liée aux baigneurs qui, lorsqu’ils sortent du bassin, de part sa température corporelle, va faire évaporer la pellicule d’eau qui recouvre son corps. De plus, chaque jeu d’eau fait évaporer une certaine quantité d’eau en fonction de ses caractéristiques et en fonction du niveau d’agitation de l’eau qu’il provoque.

L’évaporation est donc directement liée à la fréquentation de la piscine. Si rien n’est fait, cette eau se transforme sous forme de vapeur. Ainsi, soit elle se condense, provoquant des dégradations au niveau des revêtements et des structures, soit elle pollue en créant un climat tropical humide et « suffocant ».

La structure devra donc être conçue pour supporter des températures de rosée élevées. (Isolation, traitement d’air, plans de circulation des accueillis…)

La neutralité thermique : le confort thermique, c’est l’égalité entre la production de chaleur du corps et la dissipation de la chaleur par le corps.

 

Par conséquent, pour atteindre cette zone de confort humi thermique, l’hygrométrie devra se situer aux environs de 70 %, la température de l’air à 27°C (deux degrés d’écart entre l’eau et l’air), et par conséquent, une température de l’eau à 28°C. Mais pourquoi une température de l’eau à 28°C ?

Parce qu’à cette température, c’est la garantie d’une chloration efficace, à moindre coût. A condition de s’assurer de l’équilibre de l’eau comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent.

 

Concernant la qualité de l’air, voici ce que préconise l’ A.F.F.S.E.T. (2010) :

Gestion de la qualité de l’air

La présence de chloramines et de THM dans l’air des piscines couvertes désinfectées au chlore nécessite un renouvellement contrôlé de l’air. Compte tenu de la toxicité de ces sous-produits volatils, l’ A.F.F.S.E.T recommande de classer les piscines collectives dans la catégorie des « bâtiments à pollution spécifique » et d’imposer un débit d’air neuf minimum de 60 m3/h-1.

De plus, l’ A.F.F.S.E.T recommande d’intégrer au contrôle sanitaire :

– Le suivi de la trichloramine dans l’air avec une valeur limite de 0,3 mg/m-3 ;

– La température de l’air, l’hygrométrie, le débit de ventilation et le débit d’air neuf ;

– Un contrôle annuel des centrales de traitement de l’air.

 

 

(1) Tableau des maladies professionnelles :

 

Désignation des maladies Délai de prise en charge Liste limitative des travaux susceptibles de provoquer ces maladies
Tableau 66 :
Rhinite récidivant en cas de nouvelle exposition au risque ou confirmée par test. 7 jours 34. Travaux exposant aux dérivés aminés des produits chlorés tels que la chloramine dans les piscines.
Asthme objectivé par explorations fonctionnelles respiratoires récidivant en cas de nouvelle exposition au risque ou confirmé par test. 7 jours
Insuffisance respiratoire chronique obstructive secondaire à la maladie asthmatique.
Tableau 66 bis :
Bronchoalvéolite aiguë ou subaiguë avec syndrome respiratoire (dyspnée, toux, expectoration) et/ou signes généraux (fièvres, amaigrissement) confirmés par l’exploration fonctionnelle respiratoire et la présence d’anticorps précipitants dans le sérum contre l’agent pathogène responsable ou à défaut résultats de lavage broncho-alvéolaire (lymphocytose). 30 jours Travaux en milieux contaminés par des micro-organismes aéroportés (bactéries, moisissures, algues) :
saunas, piscines, égouts, filières de traitement des déchets (compostage et fabrication de composte), ateliers pollués par des aérosols d’huile de coupe contaminée.
Fibrose pulmonaire avec signes radiologiques et troubles respiratoires confirmés par l’exploration fonctionnelle respiratoire et la présence d’anticorps précipitants dans le sérum contre l’agent pathogène responsable ou à défaut résultats de lavage broncho-alvéolaire (lymphocytose) et sa complication : insuffisance ventriculaire droite. 15 ans

 

 

Le maintien de l’équilibre de l’eau et de l’équilibre de l’air associé à une formation des usagers à la nécessité d’une douche savonnée avant l’accès au bassin, l’entretien optimal des locaux, des sols et des plages : telles sont les conditions de la garantie d’un résultant GAGNANT !

 

                                                                                                                     Sources (Spécial Pro)

 

Manuel Holé (manuel.hole31@gmail.com)

S.N.P.M.N.S. :

Mairie de Toulouse/ Toulouse Métropole

Haute-Garonne (31)