Le plan Aisance Aquatique

Face à l’augmentation des noyades accidentelles auprès des jeunes enfants (311 noyades accidentelles en 2018 chez les moins de 6 ans), la Ministre de la Jeunesse et des Sports, Roxana MARACINEANUA, a dévoilé le 15 avril 2019 un « Plan d’Aisance Aquatique » afin de familiariser les plus jeunes à l’eau. Dès son arrivée au Ministère des Sports, Mme la Ministre a lancé un grand chantier de rénovation de l’apprentissage de la natation impliquant l’ensemble des parties prenantes (Fédérations, Maîtres-Nageurs Sauveteurs, Éducation nationale, les Syndicats…). Le SNPMNS a participé activement à ces travaux.

Le calme avant la tempête

Dans les années 1990, nous avions les meilleurs résultats au monde dans la filière aquatique :

– 1er pays touristique au monde, noyades estivales maîtrisées notamment par les CRS MNS.

– En piscine surveillée, ration entrées payantes /noyades entre 1 et 2%.

– Des élèves des écoles maternelles et primaires qui allaient en priorité à la piscine de la commune.

– Un niveau élevé de l’autonomie aquatique des citoyens avec d’excellents résultats en natation sportive.

Depuis le début des années 2000, retrait de la politique publique aquatique :

– Une baisse progressive de la formation des Maîtres-Nageurs Sauveteurs (MNS) via les CREPS. Et ce suite à la disparition progressive dans les régions des cadres de la Jeunesse et des Sports.

– Diminution des CRS Maîtres-Nageurs Sauveteurs. Division par 5 de ces agents de l’Etat sur les plages et diminution de leur période d’intervention.

– Difficultés croissantes de recrutement des Maîtres-Nageurs Sauveteurs par les collectivités ou les gestionnaires des piscines en gestion privée.

– Diminution de l’enseignement scolaire suite aux réformes des circulaires de l’Éducation Nationale. De plus en plus de parents bénévoles sont positionnés en lieu et place des Maîtres-Nageurs Sauveteurs. De moins en moins de maternelles accèdent aux cours en piscines. Augmentation des animations sportives plus rentables, y compris sur des temps traditionnellement réservés aux scolaires.

– Diminution des cours d’Aqua phobie, de familiarisation, de  jardins d’enfants et d’apprentissage.

– Suite aux baisses de dotations de l’État envers les collectivités locales, les piscines en gestion « régie » passent de plus en plus en Délégation de Service Public ou l’apprentissage scolaire et périscolaire ne rapporte pas assez. Le strict minimum de ces actions d’intérêt public est gardé afin de répondre aux contrats passés avec le délégataire. La priorité devient l’animation rentable.

– Diminution de l’attractivité de la profession face à la baisse des traitements et salaires des Maîtres-Nageurs Sauveteurs.  Pourtant les exigences en termes de responsabilité, de travail en horaires décalés, de nuit, dans des atmosphères souvent saturées en dérivés chlorés sont toujours présentes. Sans oublier le détournement des heures supplémentaire par la mise en place auto entrepreneuriat engendrant de la précarité. L’État ne contrôle même plus les exercices illégaux de la profession et le détournement des heures supplémentaires. Il n’y a plus assez de personnels dans les par les Directions départementales de la cohésion sociale (DDCS), la DIRECCTE ou l’URSSAF.

– Augmentation flagrante des Troubles Musculo Squelettiques (TMS) chez les Maîtres-Nageurs Sauveteurs. Le reclassement des MNS après 15 à 20 ans de services en raison des TMS est un nouveau phénomène bien connu dans les salles de fitness. Ceci est en lien direct avec la manipulation abusive du matériel d’animation et des EPI inadaptés ou inexistants.

– Déréglementation de la filière aquatique alors que nous avions les meilleurs résultats au monde en piscines à entrées payantes. Pour répondre à la pénurie de Maîtres-Nageurs Sauveteurs, on exploite abusivement des collègues BNSSA. Le Moniteur Sportif de Natation, l’abrogation de l’article D322-15 du code du sport, le Certificat de Qualification Professionnelle (CQP) Marche Aquatique, le Titre à Finalité Professionnelle (TFP) Waterform engendrent des incompréhensions et alimentent le trouble, source d’une augmentation prévisible des futures noyades.

– Et demain sans doute, grâce à la proposition de la Fédération Nationale des Métiers de la Natation et du Sport (FNMNS), l’exploitation durant 5 ans des stagiaires Maîtres-Nageurs Sauveteurs ayant le BNSSA sera légitimée.

Ne nous trompons pas de cible :

Lors des échanges au Ministère de la Jeunesse et des Sports, nous soulignons qu’il est important de ne pas  se tromper de cible. Les chiffres 2018 de Santé Publique France démontrent bien que c’est l’autonomie aquatique qui est la cause de l’augmentation des noyades. Mais aussi le manque de surveillance des tout petits par leurs proches (parent, grands parents..). Seul un vrai plan d’urgence de formation de 5000 Maîtres-Nageurs Sauveteurs pour apporter l’autonomie aquatique aux citoyens doit être prioritaire. Tout en incitant, entre autre, les fabriquant ou revendeurs de piscines familiales, à communiquer obligatoirement sur l’obligation de surveiller par un adulte et de façon permanente les plus petits. 

Des propositions constantes :

Nous indiquons et maintenons à chaque rendez-vous avec le Ministère de la Jeunesse et des Sports qu’il est important de garder l’attractivité le titre de Maîtres-Nageurs Sauveteurs. Une profession en adéquation avec les exigences de l’emploi. Voici nos revendications pour l’intérêt des citoyens :

1.    Cesser les réformes en permanence les formations du Ministère de la Jeunesse et des Sports afin d’éviter les fluctuations du nombre de jeunes stagiaires. Rétablissement de l’article R 322-15 du code du Sport.  Arrêter le morcellement des compétences par des CQP ; TFP. Les risques sont :

Þ   Manque de communication étatique par rapport au métier

Þ   Manque de lisibilité de la certification

Þ   Pas de lisibilité du métier

Þ   Baisse attractive du métier de MNS

Þ   Baisse de considération et de reconnaissance dans un environnement de plus en plus confronté à la violence, aux incivilités

Þ   Baisse des conditions de travail

Þ   Baisse de salaires

Þ   Manque de moyens de contrôle de l’Etat

Þ   Risque d’ubérisation du cadre d’emploi

Þ   Problème d’autoentrepreneur et de l’emploi à la tâche.

Þ   Danger dans l’encadrement des animations : Ne pas perdre de vue que l’encadrement de l’animation n’exclus pas le danger du milieu aquatique. Préciser les compétences attendues dans le cadre de l’encadrement des animations aquatiques en termes de sauvetage – secourisme – anticipation des situations à risque – coordination des secours.

 

2.    Rendre attractive la mission d’intérêt public première des Maîtres-Nageurs Sauveteurs qui est d’apprendre à nager au plus grand nombre de citoyens.

 

3.    Modifier le temps et le coût de la formation de Maîtres-Nageurs Sauveteurs. Augmenter le nombre d’heure de stage et de formation (en apprentissage, en bébé nageur, familiarisation…)

 

4.    Créer un statut pour les Tuteurs et Maîtres d’Apprentissage.

 

5.    Créer un concours sur titre pour les Maîtres-Nageurs Sauveteurs.

 

6.    Inclure la formation BNSSA dans tous les cursus de 1ere année STAPS. Facilité la passerelle STAPS vers le BPJEPS AAN

 

7.    Appliquer la Convention Collective Nationale du Sport dans toutes les Délégations de Service Public (DSP) et gestions privées.

8.    Associer les  Maîtres-Nageurs Sauveteurs et les personnels des piscines à l’économie d’énergie. Cela aidera à mettre un salaire en lien avec les responsabilités, les cycles de travail, la pénibilité… et valoriser l’enseignement de la profession.

 

9.     Ne pas laisser la responsabilité de l’enseignement de la natation scolaire aux professeurs des écoles et aux parents bénévoles.

 

10.  Création de Bassin Aquatique Mobile BAM dédié à l’apprentissage de la natation dans chaque département afin de pallier au manque de piscine.

 

11.  Améliorer le POSS :  

Þ   Obligation d’une formation de secourisme obligatoire PSE2 pour tous les Maîtres-Nageurs Sauveteurs. Lien avec les obligations de moyens et de résultat en secourisme

Þ   Recyclage en PSE1 et 2 sur le lieu de travail afin de donner du sens au POSS

Þ   Obligations d’exercices de secours tous les ans et avec l’intégralité du personnels de l’ERP, les pompiers, la police, la gendarmerie…

Þ   Intégrer et former l’ensemble du personnel des Équipement Recevant de Public (ERP) piscines en secourisme

Þ   Surveillance constante : la vigilance efficiente au delà de 2 heures sans pause est impossible. Rendre obligatoire les alternances de tâches, rotations et temps de pause. Interdire la surveillance seule puisqu’elle est Incompatible avec PSE1- PSE2, l’oxygénothérapie (code du sport), plan dur (polytraumatisé et évacuations), vigilance constante, angles morts, accès aux toilettes pour les besoins vitaux…

Þ   Prendre en compte la réflexion de l’eau, les lumières zénithales, lunettes polarisantes

Þ   Vidéo surveillance obligatoire afin d’aider les professionnels  Maîtres-Nageurs Sauveteurs en piscine plein air. Vapeurs l’hiver, impossible de voir l’intégralité du bassin et encore moins le fond, avant tout face aux bassins Inox

Þ   Téléphone portable, tablette… et montres connectées interdits durant les actions de surveillance

Þ   Arrêt coup de point des pompes obligatoire

Þ    Supprimer les délais de carence pour ne pas favoriser la surveillance sous l’emprise de médicament. Mêmes problèmes que les conducteurs de poids lourds, transport en commun, train, etc…

Þ    Intégrer la surveillance des zones sans « baignade » mais accidentogènes comme les SPA.

Þ   Proposition qu’une rédaction du POSS soit validé par un organisme professionnel de Maîtres-Nageurs Sauveteurs

Þ   Ne pas accepter des projets de construction ou de réhabilitation de piscines sans l’avis des représentants de la profession. Spécificités des angles morts, des marches, des plantes, de l’accès pompiers, des pentes des plages, etc…

Þ   Parler plus précisément dans le POSS de la formation accueil sécurité obligatoire avant toute action de salarié dans un ERP piscine

Þ   Poste de surveillance obligatoire, mobile ou pas

 

 12.Santé au travail :  Faire reconnaître les halls bassin des piscines comme espace de travail à pollution spécifique. Améliorer le traitement de l’air en obligeant un recyclage de l’air à hauteur de 60 m3/Heure.