🏊‍♂️ « Des murs sans maîtres-nageurs ? »

Le Fonds bleu 2030 oublie le cœur humain du service public aquatique

La Banque des Territoires a récemment présenté le plan « Fonds bleu 2030 », une initiative ambitieuse visant à mobiliser 1,7 milliard d’euros pour la construction et la rénovation des piscines publiques. Porté par l’Association nationale des élus en charge du sport (ANDES), ce projet entend répondre à la vétusté du parc aquatique français et soutenir la transition énergétique.
Sur le papier, l’intention est louable.
Mais dans les faits, ce « traitement de choc » oublie l’essentiel : les femmes et les hommes qui font vivre ces équipements au quotidien.


💡 Des piscines, oui. Mais avec qui pour les faire fonctionner ?

Partout en France, des bassins ferment ou limitent leurs horaires — non parce qu’ils sont délabrés, mais faute de maîtres-nageurs sauveteurs disponibles.
Cette réalité, connue de tous les acteurs du terrain, est absente du plan.
Rien n’est dit sur le recrutement, la formation ou la fidélisation des personnels qualifiés sans lesquels aucune piscine ne peut ouvrir ses portes au public.

Construire sans anticiper la question des effectifs, c’est créer des piscines fantômes.
Chaque nouvel équipement nécessite une équipe complète : surveillance, enseignement, entretien, accueil. Sans plan national pour renforcer ces métiers, les ambitions d’accessibilité et d’apprentissage du savoir-nager resteront des promesses creuses.


⚠️ Une politique de la brique et du béton, pas de la sécurité

Le Fonds bleu met l’accent sur la performance énergétique, la simplification administrative et les économies d’échelle.
Très bien. Mais où est la réflexion sur la sécurité aquatique, la prévention des noyades, ou encore la qualité de l’encadrement des scolaires ?
Chaque été, des centaines d’incidents rappellent que la présence d’un MNS qualifié est le seul rempart entre un moment de détente et un drame.

Le SNPMNS le répète : la piscine n’est pas qu’un bâtiment sportif, c’est un outil de santé publique et d’éducation.
Rénover les murs sans investir dans les personnes, c’est passer à côté de la mission fondamentale du service public aquatique.


💶 Des financements massifs, mais un modèle économique incomplet

Investir 1,7 milliard d’euros sur cinq ans, c’est considérable.
Mais cet effort doit aussi porter sur la durabilité du fonctionnement : énergie, maintenance, salaires, formation.
De nombreuses collectivités ne parviennent déjà plus à recruter ni à maintenir leurs équipes, faute de budget.
Si rien n’est prévu pour revaloriser les métiers aquatiques et stabiliser les effectifs, ces nouvelles piscines risquent de devenir des charges supplémentaires plutôt que des leviers de développement local.


🗣️ Le grand absent : la concertation avec les professionnels

Le plan a été élaboré avec L’ANDISS et la fédération française de natation, mais sans les représentants du personnel des maîtres nageurs sauveteurs.
Ni le SNPMNS, ni les autres acteurs de la filière sportive aquatique n’ont été consultés.
Pourtant, nous sommes les premiers témoins — et souvent les premiers à alerter — sur les difficultés concrètes du terrain : sous-effectifs, burn-out, saisonnalité, fermeture de bassins, recul du savoir-nager.

Un projet national pour les piscines ne peut pas se construire sans ceux qui y travaillent chaque jour.


🌊 Pour un « Plan bleu humain »

Le SNPMNS salue l’effort financier envisagé, mais appelle à une approche globale.
Nous demandons que ce plan soit doublé d’un « Plan bleu humain », articulé autour de trois priorités :

  1. Revalorisation salariale et reconnaissance statutaire des maîtres-nageurs sauveteurs.

  2. Plan national de formation et de recrutement, avec un soutien accru à la filière aquatique.

  3. Renforcement de la sécurité et de la prévention, notamment pour l’encadrement scolaire et la lutte contre les noyades.


🏁 Conclusion

Rénover les piscines est nécessaire.
Mais si nous voulons réellement garantir à chaque enfant l’accès à l’apprentissage du savoir-nager, si nous voulons préserver la qualité du service public aquatique, l’investissement humain doit être à la hauteur de l’investissement matériel.
Les murs ne sauveront personne : ce sont les professionnels de la natation et du sauvetage qui, chaque jour, assurent cette mission vitale.

Le SNPMNS appelle l’État et les collectivités à replacer les maîtres-nageurs au cœur de la politique aquatique nationale.