Hold-up sur la profession de M.N.S. Quel est votre avis ?

Suite aux mauvais chiffres des noyades 2018, le Ministère de la Jeunesse et des Sports, le Ministère de l’Intérieur et l’AFNOR s’engagent dans une déréglementation de la profession de M.N.S.

En 2009, même si les décès sont malheureux, les chiffres sont élogieux : dans le premier pays touristique du monde, on comptabilise 1366 noyades, dont 462 mortelles pour 64 millions d’habitants. Soit un ratio de 0,00072 noyades mortelles/ habitant.

Pour autant, les piscines se développent en France et on commence à manquer sérieusement de M.N.S. pour apprendre à nager à la population.

En 2018, le territoire comptabilise 67 million d’habitants, des piscines se construisent et sont réhabilitées en espaces ludiques sur le territoire. Il manque désormais 5000 M.N.S. pour une profession qui comptabilise 20000 professionnels titulaires d ela carte professionnelle. On constate aussi une augmentation flagrante des noyades : 2255, dont 492 mortelles. Les chiffres précisent que les noyades mortelles ont principalement lieu dans les zones non surveillées pour des personnes non aquatiques. Le ratio est toujours aussi faible (0,00073 noyades mortelles/ habitant) mais les plus jeunes citoyens sont gravement touchés. C’est désormais une cause nationale.

La Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des crises du Ministère de l’Intérieur met en lumière que la noyade est la deuxième cause de mortalité chez l’enfant après les accidents de la route. Le Bulletin épidémiologique 2017 relève que la noyade est la 1ère cause de mortalité des accidents domestiques chez les – 25 ans, 1ère cause de décès  chez les -5ans avec 39% des décès chez les accidentés. En piscine privée, les enfants de moins de 6 ans se sont noyés surtout à cause d’un manque de surveillance d’un adulte, et de leur inaptitude à nager. En mer, les noyés étaient souvent des personnes résidant dans le département de la noyade, âgés de plus de 45 ans, ou ayant un problème de santé.

Les préconisations transmises aux institutions et à la population étaient d’assurer une surveillance rapprochée des jeunes enfants par un adulte, de leur apprendre à nager le plus tôt possible, de nager dans des zones de baignade surveillées, de ne pas surestimer ses capacités physiques et de se renseigner sur l’état de la mer et des conditions météorologiques.

Comme notre profession le fait depuis 65 ans, la Direction Générale de la Sécurité Civile encourage l’apprentissage de la natation dès le plus jeune âge, pour lutter contre les noyades qui, chaque année, touchent en majorité les jeunes enfants. Le manque édifiant de M.N.S. et le développement des animations « rentables » primant sur les apprentissages, on ne trouve plus assez de cours pour apprendre à nager en France. Même en natation scolaire, les M.N.S. sont de plus en plus cantonnés aux tâches de surveillance.

Comment peut-on revenir au nombre de noyades similaire à la fin du XXème siècle ?

Face à ce chiffre grandissant des décès par noyades, la réponse est évidente : il faut former des professionnels en urgence pour combler le manque de M.N.S. et apprendre à nager au plus grand nombre. Le S.N.P.M.N.S. propose de faciliter la formation d’éducateurs M.N.S. en assimilant les B.P.J.E.P.S Surf, Triathlon, Pentathlon moderne, A.G.F.F., B.M.F., Kayak. Le lien avec les formations université / l’U.E. S.S.A et les B.N.S.S.A. en poste peut aussi être une voix salvatrice pour atteindre un enseignement aquatique pour tous.

En cette période « contrainte », imposée par les élus du moment, les décisions prennent un parcours assez alambiqué. Le 11 Avril à Paris, nous n’étions pas loin d’une vision caricaturale afin de répondre à la problématique du manque de M.N.S. en France. Pour prendre une image simple, face à la même situation en milieu hospitalier, un manque de médecins engendrerait la possibilité de recrutement d’infirmiers.

Depuis Janvier 2019, plusieurs rencontres sont organisées au Ministère de la Jeunesse et des Sports, au Ministère de l’Intérieur et à l’Association Française de NORmalisation (A.F.NOR). Le but initial était de trouver des pistes pour lutter contre l’augmentation, flagrante mais prévisible, des noyades en France. Voici les travaux préparatoires au « Groupe de travail cadre réglementaire du plan aisance aquatique » du 24 avril prochain :

  • Premier chantier : remplacement des différents tests et attestations par une seule progression hiérarchisée et lisible (à l’instar de la progression proposée en ski avec les étoiles ou les ceintures au judo).
  • Deuxième chantier : articulation des fonctions de surveillance et d’enseignement. Trouver la solution pour permettre un accroissement des prérogatives de surveillance des B.N.S.S.A. Tout en garantissant l’absence d’éviction des M.N.S.
  • Troisième chantier : accroître le vivier des encadrants qualifiés.

Les représentants de la profession des M.N.S. ont activement participé aux travaux afin d’être vigilants sur les buts à atteindre. En effet, nous ne souhaitions pas avoir à souscrire aux préconisations présentées par la Commission Nationale d’Évaluation des Normes en Juin 2018 :

« Par une délibération votée lors de la séance du 13 Juin 2018, face aux « coûts de fonctionnement des piscines municipales qui sont conséquents, notamment en raison des dépenses de personnel, et que certaines collectivités peinent à recruter des agents ayant le titre de Maître-Nageur Sauveteur », recommande donc, « après concertation avec le Ministère des Sports, un assouplissement de la réglementation afin de permettre aux titulaires du Brevet National de Sécurité et de Sauvetage Aquatique de surveiller seuls les baignades d’accès payant et d’encadrer des cours d’aquagym quand ils sont titulaires des qualifications requises ».

La conclusion des travaux du second chantier « articulation des fonctions de surveillance et d’enseignement. Trouver la solution pour permettre un accroissement des prérogatives de surveillance des B.N.S.S.A. Tout en garantissant l’absence d’éviction des M.N.S. » sont les suivants :

1) Pas de B.N.S.S.A. enseignant-animateur;

2) Réflexion sur la suppression possible de la déclaration de dérogatoire estivale B.N.S.S.A.;

3) Prérogatives possibles d’un B.N.S.S.A. en formation de M.N.S. sous la responsabilité d’un tuteur;

4) B.N.S.S.A. en poste sous la responsabilité du M.N.S dans l’établissement;

5) Augmenter les prérogatives des B.P.J.E.P.S. A.A.N. stagiaires par rapport aux B.N.S.S.A. qui ne sont pas en formation M.N.S.;

6) Révisions des procédures du P.O.S.S.

Seul le S.N.P.M.N.S. s’est opposé fermement au point 4.

La formation d’éducateurs M.N.S. en urgence est la voix salvatrice.La déréglementation de la filière AAN est une chimère ! Reste à discuter des contenus et équivalences des U.C. Par ailleurs, il est malhonnête de laisser croire que des salariés feront carrière en surveillant des bassins durant 35 heures par semaine. Tout ceci avec une vigilance efficiente. Ne nous trompons pas, l’urgence est dans le rattrapage du manque de formation de M.N.S.des 25 dernières années. Seule cette décision courageuse de l’état sera gage d’un apprentissage massif de l’autonomie aquatique.