https://www.estrepublicain.fr/actualite/2018/08/17/la-france-fait-face-a-une-penurie-de-maitres-nageurs 

Axel Lamotte, secrétaire général adjoint du Syndicat national des maîtres nageurs sauveteurs

« Le phénomène a été pris à la légère»

Pourquoi manque-t-il des maîtres-nageurs ?

Il manque actuellement 5 000 maîtres nageurs en France. Nous sommes aujourd’hui 12 000 actifs : la pénurie concerne donc quasiment 30 % de l’effectif en poste ! Ce phénomène n’est pas nouveau, et a été pris à la légère par les différents présidents de la République qui se sont succédé. Tout a commencé par une réforme du diplôme en 1986, qui a fait chuter les maîtres nageurs formés de 2000 par an à 400. Depuis, la pénurie se creuse. La formation, payante, aux alentours de 6 000 euros, rebute de nombreux candidats potentiels, et les conditions d’exercice du métier ne le rendent pas attractif.
Avec quelles conséquences ?
Chaque année, au printemps, nous voyons fleurir les offres d’emploi illégales. Les employeurs cherchent des surveillants de baignades, faute de maîtres nageurs, mais ils n’ont pas le droit. La conséquence, c’est la hausse du nombre de noyades ! Chaque année, nous organisons les Journées nationales de prévention de la noyade, pour sensibiliser la population à ces questions. Nous invitons aussi les politiques, mais très peu viennent. Pourtant, au-delà de sauver des vies, l’apprentissage de la nage pourrait faire des économies à la société ! Une journée d’hospitalisation en soins intensifs coûte 2 408 euros par jour !
Que demandez-vous aux pouvoirs publics ? Nous voulons un plan d’urgence de formation de maîtres nageurs ! Et un plan d’ampleur d’appren- tissage de la natation, en redonnant son rôle au service public à travers un maillage de petites piscines sur l’ensemble du territoire.

Recueilli par Élodie BÉCU